Jour: 9 (8 juillet)
Km: 225
Élément miteux dans la chambre: 137
Niveau de satisfaction de la chambre sur une échelle de 1 à
10 : -12
État: 1 (WY)
Café de la journée : On ignore le sachet de café «finest quality» inclus avec notre
chambre et on sort la bouteille de propane pour se faire un café qui fait du
sens.
Localisation nocturne : Casper, WY
Le rapport qualité/prix de notre chambre est
exceptionnellement mauvais. On craint de marcher pieds nus sur le tapis. On met nos
propres draps dans le lit. On n’ose pas s’approcher trop près du fauteuil. On
respire même avec dédains dans la chambre. La femme de chambre, qui a abusé un
peu trop du febreeze pour camoufler
probablement l’odeur d’un cadavre, a eu l’audace de placer un post-it bien en
évidence disant que le pourboire est très apprécié. Nous c’est une chambre
décente qu’on aurait apprécié. Bref, c’est les dollars les moins bien investis
du voyage. Le comble, il n’y avait même pas de chaises extérieures à côté de la
porte. Je croyais que c’était un prérequis pour un motel. Les poignées du
robinet de la salle de bain n’était même pas pareil. Ahh, je pourrais continuer
encore longtemps à déblatérer sur cette chambre, mais de belles choses nous
attendent tout de même dans cette ville, et c’est mauvais pour moi de repenser
au fait qu’on a passé une nuit entière dans cet endroit.
Guernsey possède l’un des plus beaux sites de préservation
de l’Oregon Trail. Non loin de la North Platte River, des traces de charrette
sont visibles dans la roche. C’est réellement impressionnant de marcher dans
ces traces et de regarder autour de nous en se disant que les centaines de milliers d’émigrants
vers l’ouest on regarder ce même paysage dans les années 1850. Les cactus
côtoient les rochers de grès et les arbustes secs. C’est un authentique paysage
de l’ouest, qui donne l’impression qu’à tout moment, un groupe d’Indiens avec
leurs arcs à flèches vont débarquer sur leurs chevaux. C’est à l’opposé de la
nature à laquelle on a l’habitude et c’est exactement le paysage qui justifie
les centaines de kilomètres. Et qui fait oublier la chambre de motel.
On visite un autre endroit incontournable de l’Oregon Trail,
Register Cliff. C’est un immense rocher de grès, où les gens qui s’y arrêtaient
gravaient fièrement leur nom et l’année de leur passage. Ce site était un lieu
de repos populaire pour ces pionniers qui ont marchés durant quatre et six mois les
3000 kilomètres vers l’Oregon. Plusieurs gravures datent des années 1850 et au
fils des années, les gens ont poursuivi cette tradition. On a voulu nous aussi
laissé notre trace, un timide M + G 2012 se mêle aux autres signatures. Parce
que nous aussi, on fait l’Oregon Trail!
On revient sur nos pas pour voir à la lumière du jour Fort
Laramie, ville western mi- abandonnée, mi- touristique. Je suis à fond dans les
photos de bâtiments délabrés lorsqu’un mec arrive sur son quatre roues, se
stationne devant le Saloon et y entre. Il est 11h30. AM. Ah oui, et on trouve le motel aussi, mais bon...
On visite le petit magasin d’antiquités tenu par une
française, américaine depuis 54 ans. On fouille dans son inventaire en même
temps qu’on lui fait pratiquer son français. Elle nous parle de la vie dans le
Wyoming et des serpents auxquels je devrais faire attention quand je pars
m’aventurer dans un fossé ou un bout de champ. Mais je n’ai pas le temps de
m’en faire avec les serpents, j’ai vu des chouettes assiettes à gâteaux au fond
du magasin. Et des paniers de pique-nique en métal.
On s'arrête manger un cheeseburger au casse-croûte du coin. Évidement, c'est rétro et délicieux, deux mots clés indispensables!
On poursuit notre périple journalier jusqu’à Casper, ville
relativement grosse au Wyoming. Ici, le Jour du Seigneur est pris au sérieux.
C’est assez tranquille. Même l’un des plus gros magasins de vêtement western au
pays est fermé. On devra attendre au lendemain pour examiner leurs 10 000
paires de bottes de cowboys. La ville regorge d’affiches rétro. Mathieu s’en
donne à cœur joie avec les effets de son appareil photos. Il réussit à me
convaincre d’aller voir Spiderman au cinéma. Argument de poids : c’est un
cinéma rétro. Et finalement, c’était super comme film, je ne me suis même pas
assoupie.
Je discute un brin avec le propriétaire du camping. Il se
doute que je ne viens pas d’ici. Quand je lui annonce qu’on est parti du Québec,
long way from home comme tout le monde nous dit, il
se lance dans les détails de l’arbre généalogique de sa famille, qui a des
racines canadiennes. C’est flagrant comme les gens du Wyoming sont sympathiques
par rapport aux États précédents, où on nous donnait l’impression de déranger
lorsqu’on achetait dans leur magasin.
J’ai aperçu un Castle
Coffee, c’est sur notre itinéraire demain matin. Mathieu me confirme qu’on
n’y verra probablement pas de princesse.
Lorsque je reviens de la douche, je fais le saut devant un
daim qui broute le gazon de la zone pique-nique du camping. J’accélère le pas,
mon sac de toilette comme bouclier si cet animal inoffensif tente de
m’approcher. Même histoire lorsque Mathieu reviens de la douche, il fait tellement
le saut que le daim fait le saut aussi.
Le soir, une fois étendu sur notre presque confortable
matelas soufflé, on entend des pas sur le foin sec. Bon sang, le daim est en
train de brouter notre terrain de camping. On devait donner un beau spectacle,
debout sur le matelas, la face dans un petit trou de la fermeture éclair de la
porte, à répéter «Bon sang, un daim! Il y a un daim qui broute à côté de la tente!» On va avoir
l’air de quoi avec les ours de Yellowstone?
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