Jour: 15 (14 juillet)
Km: 370
État: 1 (OR)
Café de la journée: On goûte enfin au sac acheté à Lander, Handsome Roaster. Délicieux, évidemment!
Localisation nocturne: Cascade Locks, OR
Les tranches de pain grillées tartinées de beurre de cacahuètes, ou plus communément appelés les toasts au beurre de pin, ont la faculté de goûter meilleur dans un environnement magnifique. Ce fût le cas ce matin.
L’Oregon est riche en relief. Non seulement les montages qui
longent notre route sont colossales, il y en a une au loin qui nous aguiche
avec son chapeau de neige. On roule tranquillement vers le nord, en direction
de cette neige éternelle.
Plus on avance vers le Mont Hood, plus l’air se
rafraîchit. La pente pour se rendre au pied de la montagne est ardue pour la
voiture. Elle l’est encore plus pour les dizaines de motivés et/ou cinglés et/ou 1000 fois
plus en forme que nous qui ont choisis le vélo comme moyen de transport. La
voiture nous fait savoir par une délicate odeur de brûlé inquiétante que cette
ascension n’avait rien de facile. Mais bon sang que ça valait la peine. Il faut
avouer que 11 200 pieds d’altitude et de la neige en juillet, ça
a quelque chose d'excitant. On laisse passer quelques skieurs en pleine descente pour aller
mettre nos souliers sur la neige avec une curieuse exaltation, comme si ce
n’était pas quelque chose sur laquelle on marchait la moitié de l’année.
On est
à deux pas du Timberline Lodge,
magnifique hôtel de montagne dont l’extérieur à servi au film The Shining, film dont Mathieu m’a parlé
brièvement et que je ne regarderai en aucun cas. On y croise quelques sportifs en
habit de neige à l’élégante démarche que procurent les bottes de ski. On regarde leurs tuques et nos culottes courtes avec une certaine absurdité.
Une bouteille d’huile dans la voiture plus tard, on se
dirige vers la rivière Columbia, l’odeur de brûlé en moins. On s'arrête dans la vallée achetée un sac de cerises et d'abricots qui viennent d'être cueillis. La Columbia River Highway nous permet
d’admirer les montagnes, de suivre la rivière et le chemin de fer dont on
pourra constater plusieurs fois au cours de la nuit à venir, qu’il est toujours en
fonction. On ne manque pas de s’arrêter à la chute Multnomah, 620 pieds de
cascade d’eau étant un attrait majeur. Un couple fraîchement mariés
monopolisait le centre du pont, comme si être entouré de 67 touristes
hystériques dans l’humidité d’une chute pouvait être la toile de fond d’une photo
romantique. On admire la chute et son décor quelques instants, jusqu'à ce que le nombre de personnes au pied carré et le prix indécent des
hot-dogs nous fait rendre compte qu’on a eu notre dose journalière de touristes et qu’on
devrait peut-être partir à la quête d’un endroit où dormir.
C’était probablement l’une des journées les plus luxueuses
en paysages de notre voyage. On a un faible pour ces montagnes qui nous font paraître si
petits. On imagine, à la fin des années 1800, les gens qui arrivaient ici après
des mois de marche, être éblouie et probablement un peu angoissé par la taille
de ces montagnes qu’ils ont dû traverser.
On sélectionne dans mon répertoire un camping comme on choisit, à une certaine
époque, une bouteille de vin. Par le nom qui inspire la confiance et le prix catégorie
petit budget. Malheureusement, on est dans un
périmètre où ça joue dur pour les simples dormeurs sous une tente comme nous. On
se voit refuser l’accès d’un camping prétentieux où on se fait regarder de haut
par des gens qui ont fait un aménagement paysager autour de leur véhicule récréatif.
Tant pis, on rebrousse chemin vers Cascades Locks, après s’être rendu compte
que c’est le seul endroit dans les environs où les campeurs bas de gamme comme
nous sont acceptés. On fait le tour du camping, à l’affût d’un emplacement.
Notre colère envers toute les «roulottes qui auraient bien pu aller dans les
campings à roulottes et nous laisser de la place» s’estompe quand on se faufile
sur la dernière place disponible. C’est une victoire, qui se transforme en
semi-victoire lorsque l'on constate que nos voisins de gauche et de droite
ont décidé de nous faire profiter des aboiements de leur chiens. Mathieu rit de moi lorsqu'il y a un qui s'aventure sur notre bout de gazon et que je grimpe sur la table à pique-nique sans réfléchir. Réflexe, je n'y peux rien.
On
nous informe qu’il y aura une projection cinématographique ce soir. Apportez
vos chaises que l’on nous suggère. N’ayant pas bien compris le sujet du film en
question, je me suis dit qu’il y a plus de chances qu'il s’agisse d’une comédie familiale que de The Shining et que ce serait sympathique d’y assister. Pop-corn gratuit étant un argument
intéressant. Par contre, trouver l’épicerie, s’exclamer devant les prix
absurdes des bouteilles de vin et se scandaliser du prix que l’on paye les mêmes
bouteilles au Québec, attraper deux morceaux de porc et quelques légumes et
regagner notre table à pique-nique nous a pris un peu plus de temps que prévu.
Avec plus d'éléments à cuire que de source de cuisson et la bouteille
de vin qui vient de s’ouvrir, le film est loin dans nos priorités. J’apprendrai
le lendemain matin lors de mon brossage de dents qu’il s’agissait d’un
documentaire sur une mystérieuse inondation dont le lieu et l'année de cette catastrophe sont des données qui m'ont échappées. On passe une magnifique soirée à boire du vin qui serait
normalement hors de prix pour nous au Québec, à discuter tranquillement dans la
noirceur avec comme trame sonore des chiens qui ont leur mot à dire et des trains qui
se moquent de notre soirée. On profite du restant de feu des voisins qui sont allés se coucher et
on vote à l'unanimité pour l'ouverture de la deuxième bouteille de vin, que l’on à payer à peine
plus cher qu’un deux litres d’Orange Crush. On reste perplexe devant cette
bouteille sans bouchon sous le papier métallique. Bizarre. On a fini par la jeter, du coup
on aura pas réalisé de grandes économies sur le vin ce soir.
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