The Great Adventure

14 juillet 2012

De la neige en juillet


Jour: 15 (14 juillet)
Km: 370
État: 1 (OR)
Café de la journée: On goûte enfin au sac acheté à Lander, Handsome Roaster. Délicieux, évidemment!
Localisation nocturne: Cascade Locks, OR

Les tranches de pain grillées tartinées de beurre de cacahuètes, ou plus communément appelés les toasts au beurre de pin, ont la faculté de goûter meilleur dans un environnement magnifique. Ce fût le cas ce matin.


L’Oregon est riche en relief. Non seulement les montages qui longent notre route sont colossales, il y en a une au loin qui nous aguiche avec son chapeau de neige. On roule tranquillement vers le nord, en direction de cette neige éternelle. 


Plus on avance vers le Mont Hood, plus l’air se rafraîchit. La pente pour se rendre au pied de la montagne est ardue pour la voiture. Elle l’est encore plus pour les dizaines de motivés et/ou cinglés et/ou 1000 fois plus en forme que nous qui ont choisis le vélo comme moyen de transport. La voiture nous fait savoir par une délicate odeur de brûlé inquiétante que cette ascension n’avait rien de facile. Mais bon sang que ça valait la peine. Il faut avouer que 11 200 pieds d’altitude et de la neige en juillet, ça a quelque chose d'excitant. On laisse passer quelques skieurs en pleine descente pour aller mettre nos souliers sur la neige avec une curieuse exaltation, comme si ce n’était pas quelque chose sur laquelle on marchait la moitié de l’année. 


On est à deux pas du Timberline Lodge, magnifique hôtel de montagne dont l’extérieur à servi au film The Shining, film dont Mathieu m’a parlé brièvement et que je ne regarderai en aucun cas. On y croise quelques sportifs en habit de neige à l’élégante démarche que procurent les bottes de ski. On regarde leurs tuques et  nos culottes courtes avec une certaine absurdité.


Une bouteille d’huile dans la voiture plus tard, on se dirige vers la rivière Columbia, l’odeur de brûlé en moins. On s'arrête dans la vallée achetée un sac de cerises et d'abricots qui viennent d'être cueillis. La Columbia River Highway nous permet d’admirer les montagnes, de suivre la rivière et le chemin de fer dont on pourra constater plusieurs fois au cours de la nuit à venir, qu’il est toujours en fonction. On ne manque pas de s’arrêter à la chute Multnomah, 620 pieds de cascade d’eau étant un attrait majeur. Un couple fraîchement mariés monopolisait le centre du pont, comme si être entouré de 67 touristes hystériques dans l’humidité d’une chute pouvait être la toile de fond d’une photo romantique. On admire la chute et son décor quelques instants, jusqu'à ce que le nombre de personnes au pied carré et le prix indécent des hot-dogs nous fait rendre compte qu’on a eu notre dose journalière de touristes et qu’on devrait peut-être partir à la quête d’un endroit où dormir.


C’était probablement l’une des journées les plus luxueuses en paysages de notre voyage. On a un faible pour ces montagnes qui nous font paraître si petits. On imagine, à la fin des années 1800, les gens qui arrivaient ici après des mois de marche, être éblouie et probablement un peu angoissé par la taille de ces montagnes qu’ils ont dû traverser.


On sélectionne dans mon répertoire un camping comme on choisit, à une certaine époque, une bouteille de vin. Par le nom qui inspire la confiance et le prix catégorie petit budget. Malheureusement, on est dans un périmètre où ça joue dur pour les simples dormeurs sous une tente comme nous. On se voit refuser l’accès d’un camping prétentieux où on se fait regarder de haut par des gens qui ont fait un aménagement paysager autour de leur véhicule récréatif. Tant pis, on rebrousse chemin vers Cascades Locks, après s’être rendu compte que c’est le seul endroit dans les environs où les campeurs bas de gamme comme nous sont acceptés. On fait le tour du camping, à l’affût d’un emplacement. Notre colère envers toute les «roulottes qui auraient bien pu aller dans les campings à roulottes et nous laisser de la place» s’estompe quand on se faufile sur la dernière place disponible. C’est une victoire, qui se transforme en semi-victoire lorsque l'on constate que nos voisins de gauche et de droite ont décidé de nous faire profiter des aboiements de leur chiens. Mathieu rit de moi lorsqu'il y a un qui s'aventure sur notre bout de gazon et que je grimpe sur la table à pique-nique sans réfléchir. Réflexe, je n'y peux rien.

On nous informe qu’il y aura une projection cinématographique ce soir. Apportez vos chaises que l’on nous suggère. N’ayant pas bien compris le sujet du film en question, je me suis dit qu’il y a plus de chances qu'il s’agisse d’une comédie familiale que de The Shining et que ce serait sympathique d’y assister. Pop-corn gratuit étant un argument intéressant. Par contre, trouver l’épicerie, s’exclamer devant les prix absurdes des bouteilles de vin et se scandaliser du prix que l’on paye les mêmes bouteilles au Québec, attraper deux morceaux de porc et quelques légumes et regagner notre table à pique-nique nous a pris un peu plus de temps que prévu. Avec plus d'éléments à cuire que de source de cuisson et la bouteille de vin qui vient de s’ouvrir, le film est loin dans nos priorités. J’apprendrai le lendemain matin lors de mon brossage de dents qu’il s’agissait d’un documentaire sur une mystérieuse inondation dont le lieu et l'année de cette catastrophe sont des données qui m'ont échappées. On passe une magnifique soirée à boire du vin qui serait normalement hors de prix pour nous au Québec, à discuter tranquillement dans la noirceur avec comme trame sonore des chiens qui ont leur mot à dire et des trains qui se moquent de notre soirée. On profite du restant de feu des voisins qui sont allés se coucher et on vote à l'unanimité pour l'ouverture de la deuxième bouteille de vin, que l’on à payer à peine plus cher qu’un deux litres d’Orange Crush. On reste perplexe devant cette bouteille sans bouchon sous le papier métallique. Bizarre. On a fini par la jeter, du coup on aura pas réalisé de grandes économies sur le vin ce soir.   

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