The Great Adventure

13 juillet 2012

L'homme et la chèvre


Jour: 14 (13 juillet)
Km: 471
État: 2 (ID, OR)
Café de la journée: Un latté de Hammer Coffee, à Boise, qui a fini dans les poubelles quand on a vu Moon’s Cafe et ses milk-shakes. Beaucoup plus intéressant.
Nombre de magasin fermé dû au manque du facteur «clients» : j’ai perdu le compte.
Localisation nocturne: Prineville, OR

On profite de nos derniers instants dans l’Idaho au Moon’s Cafe, à boire un milk-shake d’environ 3 litres. Cet endroit se veut rétro, mais n’est pas authentique. En effet, Moon’s Cafe a emménagé récemment dans ce local après 50 ans de service à l’arrière d’un magasin de fusils. Le contraste carabine/banana split est un brin excentrique, mais a fait ses preuves comme on dit.


On franchit la frontière de l’Oregon à une heure qu’on pourrait qualifier de tôt. Ou relativement tôt du moins. Notre premier arrêt est l’éblouissante ville Vale. Encore là, l’adverbe relativement pourrait s’appliquer. On fait deux fois le tour du centre-ville tant il y a à voir. Des murales représentant l’Oregon Trail, un motel jaune qui offre des TV couleurs et dont la propriétaire me lance un regard de feu parce que je ris un brin trop fort de son précieux gagne-pain, et les usuels roulottes et magasins louches abandonnés. Une curiosité qui nous a amusés, il y a dans cette ville un Bed & Breakfast qui  a été commandé à partir du catalogue Sears de l’année 1900. On s’est dit que ça valait quand même le détour.



La US-26 nous donne beaucoup à voir dans l’Oregon. On s’arrête à Unity (population 131) faire le plein en n’ayant pas la moindre idée de ce qui nous attendait. La femme qui s’occupe de notre essence nous annonce qu’aujourd’hui, c’est une journée très excitante pour la ville d’Unity. Oui, un homme et une chèvre sont partis de Seattle et veulent (l’homme du moins, la chèvre n’a surement pas eu son mot à dire) se rendre à Time Square, New York. Quelle chance, ils doivent coucher au motel voisin de la station-service, dont la femme est propriétaire. C’est tellement absurde de se trouver dans une minuscule ville, entre deux bouts de déserts, et d’entendre une telle histoire.  Et quel timing excellent, nous les voyons arrivés, par ce chaud début d’après-midi. Un homme et une chèvre. Qui marchent. Pourquoi, on n’en a aucune idée. Mais c’est un moment fort de notre journée à nous aussi.



C’est encore une fois le festival des paysages mirifiques. Nous faisons plusieurs arrêts en bordure de route et beaucoup de photos floues prises en roulant parce qu’on ne peut pas s’arrêter aux 5 minutes. Une grosse charrette sur le bord de la route est nécessairement un arrêt non-négociable. Ça tombait bien, la vue sur les montagnes était jolie, presqu’autant que Mathieu assis sur ladite charrette.


On s’improvise un pique-nique près de ce qui devait être Mount Vernon. Notre souci d’économie nous convainc de manger une soupe aux nouilles bouillante malgré le fait qu’on bouillait nous-même dans l’auto. 0.38$ par pot de soupe est un argument de taille.


On est encore en train de rire de l’homme qui marche avec sa chèvre lorsqu’on s’arrête à Dayville. Principalement parce qu’on s’approche de la déshydratation à grands pas, mais aussi car il y a une reconstitution miniature de façades western. La dame au comptoir du magasin général est très sympathique. Elle profite de notre présence pour nous raconter diverses anecdotes de sa vie. Étant donné une population de 185 personnes, j’imagine qu’elle nous voyait comme un morceau de viande fraîche.


Notre route est devenue un étroit passage entre deux montages immenses. Nous avons roulé plusieurs kilomètres dans cette gorge, où les exclamations de stupéfaction et les «C’est bôôô» façon Mathieu Carrier, n’ont pas arrêtées une seconde.    



Les commerces de la ville Mitchell avaient tous comme point commun l’affiche «Sorry we’re close». Le fait que cette ville soit située dans un trou ET dans un cul-de-sac ne devait pas aider au roulement économique. Peu d’éléments pouvaient nous contredire si on disait qu’on se croyait à la fin des années 1800. Un arrêt qui valait le détour, c'est le cas de le dire.


Prineville annonçait un State Park près de la rivière Ochocos et ça nous semblait l’endroit idéal pour manger un gros morceau de viande sur une table à pique-nique et monter la tente pour la 247 ème fois (du moins c’est ce qui nous semblait). On s’est lancé dans la grande gastronomie raffinée, à savoir un sachet de petites patates, deux gros steaks dans le beurre et une salade pré-déchirée. On s’est même laissé tenter par une bouteille de rouge, le vin étant à des prix complètement dérisoires aux États-Unis. Le soleil s’est couché tranquillement et on a profité de cette belle soirée tranquille éclairée par les chandelles à discuter et à rire, jusqu’à ce que je renverse le fond de mon verre de vin sur ma belle nappe carreauté.    


    

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