Jour: 14 (13 juillet)
Km: 471
État: 2 (ID, OR)
Café de la journée: Un latté de Hammer Coffee, à Boise, qui
a fini dans les poubelles quand on a vu Moon’s Cafe et ses milk-shakes.
Beaucoup plus intéressant.
Nombre de magasin fermé dû au manque du facteur «clients» : j’ai
perdu le compte.
Localisation nocturne: Prineville, OR
On profite de nos derniers instants dans l’Idaho au Moon’s
Cafe, à boire un milk-shake d’environ 3 litres. Cet endroit se veut rétro, mais
n’est pas authentique. En effet, Moon’s Cafe a emménagé récemment dans ce local
après 50 ans de service à l’arrière d’un magasin de fusils. Le contraste
carabine/banana split est un brin excentrique, mais a fait ses preuves comme on dit.
On franchit la frontière de l’Oregon à une heure qu’on
pourrait qualifier de tôt. Ou relativement tôt du moins. Notre premier arrêt
est l’éblouissante ville Vale. Encore là, l’adverbe relativement pourrait
s’appliquer. On fait deux fois le tour du centre-ville tant il y a à voir. Des
murales représentant l’Oregon Trail, un motel jaune qui offre des TV couleurs
et dont la propriétaire me lance un regard de feu parce que je ris un brin trop
fort de son précieux gagne-pain, et les usuels roulottes et magasins louches
abandonnés. Une curiosité qui nous a amusés, il y a dans cette ville un Bed & Breakfast qui a été commandé à partir du catalogue Sears de
l’année 1900. On s’est dit que ça valait quand même le détour.
La US-26 nous donne beaucoup à voir dans l’Oregon. On
s’arrête à Unity (population 131) faire le plein en n’ayant pas la moindre idée
de ce qui nous attendait. La femme qui s’occupe de notre essence nous annonce
qu’aujourd’hui, c’est une journée très excitante pour la ville d’Unity. Oui, un
homme et une chèvre sont partis de Seattle et veulent (l’homme du moins, la
chèvre n’a surement pas eu son mot à dire) se rendre à Time Square, New York.
Quelle chance, ils doivent coucher au motel voisin de la station-service, dont
la femme est propriétaire. C’est tellement absurde de se trouver dans une
minuscule ville, entre deux bouts de déserts, et d’entendre une telle
histoire. Et quel timing excellent, nous les voyons arrivés, par ce chaud début
d’après-midi. Un homme et une chèvre. Qui marchent. Pourquoi, on n’en a aucune
idée. Mais c’est un moment fort de notre journée à nous aussi.
C’est encore une fois le festival des paysages mirifiques. Nous
faisons plusieurs arrêts en bordure de route et beaucoup de photos floues
prises en roulant parce qu’on ne peut pas s’arrêter aux 5 minutes. Une grosse
charrette sur le bord de la route est nécessairement un arrêt non-négociable.
Ça tombait bien, la vue sur les montagnes était jolie, presqu’autant que Mathieu
assis sur ladite charrette.
On s’improvise un pique-nique près de ce qui devait être
Mount Vernon. Notre souci d’économie nous convainc de manger une soupe aux
nouilles bouillante malgré le fait qu’on bouillait nous-même dans l’auto. 0.38$
par pot de soupe est un argument de taille.
On est encore en train de rire de l’homme qui marche avec sa
chèvre lorsqu’on s’arrête à Dayville. Principalement parce qu’on s’approche de la
déshydratation à grands pas, mais aussi car il y a une reconstitution miniature
de façades western. La dame au comptoir du magasin général est très
sympathique. Elle profite de notre présence pour nous raconter diverses
anecdotes de sa vie. Étant donné une population de 185 personnes, j’imagine qu’elle
nous voyait comme un morceau de viande fraîche.
Notre route est devenue un étroit passage entre deux
montages immenses. Nous avons roulé plusieurs kilomètres dans cette gorge, où
les exclamations de stupéfaction et les «C’est bôôô» façon Mathieu Carrier, n’ont
pas arrêtées une seconde.
Les commerces de la ville Mitchell avaient tous comme point
commun l’affiche «Sorry we’re close». Le fait que cette ville soit située dans
un trou ET dans un cul-de-sac ne devait pas aider au roulement économique. Peu
d’éléments pouvaient nous contredire si on disait qu’on se croyait à la fin des
années 1800. Un arrêt qui valait le détour, c'est le cas de le dire.
Prineville annonçait un State Park près de la rivière
Ochocos et ça nous semblait l’endroit idéal pour manger un gros morceau de
viande sur une table à pique-nique et monter la tente pour la 247 ème fois (du
moins c’est ce qui nous semblait). On s’est lancé dans la grande gastronomie
raffinée, à savoir un sachet de petites patates, deux gros steaks dans le
beurre et une salade pré-déchirée. On s’est même laissé tenter par une
bouteille de rouge, le vin étant à des prix complètement dérisoires aux
États-Unis. Le soleil s’est couché tranquillement et on a profité de cette
belle soirée tranquille éclairée par les chandelles à discuter et à rire, jusqu’à
ce que je renverse le fond de mon verre de vin sur ma belle nappe carreauté.
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