The Great Adventure

8 janvier 2013

San Francisco, ses clichés et ses cafés



Parce que la côte ouest offre d’innombrables opportunités de découvertes, on a décidé de mettre tous nos pourboires dans une tirelire afin de financer nos envies de voyages. Merci aux buveurs de café, vos trente sous garochés dans le pot nous ont payés 4 jours en Californie. 

Jour 1

Inévitablement, on court chez Four Barrel (café fabuleux #1) dès notre sortie du métro. Notre liste de cafés à visiter est longue, autant s’y mettre. On est déstabilisé par le ciel bleu, le soleil, la chaleur et l’absence de pluie. Des paramètres dont on n’avait plus vraiment l’habitude de ce côté-ci du Canada depuis 2 mois. Nous sommes dans le quartier Mission, pas de touristes, une quantité raisonnable de hipsters et on s’assoit devant 2 tasses de café à la hauteur de la réputation de l’endroit. On aurait été capable d’y passer la journée, c’est beau et inspirant. Ici, le café ce n’est pas de la rigolade. Pas de « grand corsé ».

Maintenant qu’on s’est rassasiés de café,  pour la prochaine heure tout au plus, c’est le moment de faire monter notre taux de sucre. Le quartier Hayes Valley propose la pâtisserie Miette, qui se proclame comme le magasin à sucre le plus charmant de la ville. J’approuve abondamment. On commande 2 sandwiches à la crème glacée qu’on dévore le soleil dans la face, affalés sur un banc de parc. On se débarrasse même de notre léger manteau. Pas moyen de quitter tout de suite l’endroit, on aperçoit un café Ritual (café fabuleux #2) juste de l’autre côté du parc. Dans un parking, un container a été transformé en café d’un côté et en fabriquant de crème glacée de l’autre. Quelques  chaises échouées plus loin font office de terrasse. Autres cafés dans nos mains, autres rayons de soleil dans notre face. On dira ce qu’on voudra, une terrasse en janvier, ça a son charme.

Ayant vraisemblablement mal étudié la carte et son échelle, on entreprend la marche jusqu’à notre hôtel. À l’autre bout de la ville. Avec le bagage qui m’arrache un brin l’épaule. De se savoir en Californie fait par contre vite oublier les petits bobos. Ceci étant dit, je prendrai conscience un peu plus tard de ladite échelle et nous achèterons des billets illimités pour le transport en commun. 

On s’exclame devant la beauté des immeubles et l’escarpement des rues. On traite de désaxé tous les (rares) cyclistes qu’on croise, baraqués des mollets.


Rapide constat de ce que ça veut dire un hôtel 2 étoiles. On le saura pour la prochaine fois. On quitte la chambre avec une envie de burgers à combler dans un bref délai. Dilemme : avant de trouver un magasin à burgers, un magasin à gâteaux met notre raison à l’épreuve. Conclusion, on est tout à fait impuissants face à ces merveilles sucrées, on en achète pour plus tard. La sagesse n’est pas quelque chose d’utile dans le domaine de la pâtisserie. On se rempli un peu trop l’estomac de burgers et de bières, la routine quoi. On reluque les rues Chestnut et Union, fortes en distractions architecturales et commerciales. Abstraction faite qu’on est déjà plein, on s’attaque plein d’enthousiasme à nos sucreries achetées plus tôt avant de s’endormir. Dans un 2 étoiles en Californie. Le bonheur.

Jour 2

On assume pleinement notre titre de touriste et on monte dans un Cable Car afin de nous épargner quelques coins de rues jusqu’au torréfacteur Sight Glass (café fabuleux #3). Les locaux n’utilisent plus ce moyen de transport. Avec le temps, c’est exaspérant d’être assis à côté des touristes qui prennent 70 photos la minute. C’est tout de même un classique de San Francisco, donc incontournable. On vivra à fond l’expérience du Cable Car lors d’un trajet futur où on a dû se tenir debout sur le pallier extérieur, une main accrochée au poteau, dans une pente qui descend en tournant. Mon rythme cardiaque a accéléré un brin.


Donc, Sight Glass dans le quartier South of Market. Immense local où les cafés y sont torréfiés et servis aux clients. On s’installe à la mezzanine pour faire nos curieux sur tout se qui se passe. On discute de café en buvant nos cafés puis on quitte pour aller dans un autre café. Nous, on aime ça le café. 


Une petite confusion géographique nous fait découvrir un quartier dont on aurait pu se passer, mais bon on ne commencera pas à chigner en Californie. Retour dans le quartier hispanique Mission où les tacos abondent. On entre chez Ritual, (café fabuleux #2a, l’original) torréfacteur épique aux yeux de Mathieu Carrier. On détonne presque parmi les dizaines de clients derrière leur  laptop, Mac. On est Old School : on s’assoit l’un en face de l’autre et on se parle en buvant notre tasse.

Plus tard, après les tacos épicés, on traverse la rue et on entre chez Craftman and Wolves, une pâtisserie qui a mérite de ne pas ressembler à une maison poupées. Différent, intéressant et délicieux, bien sûr. 3 coins de rues plus loin, Tartine Bakery. Par principe, j’achèterai, mais mangerai plus tard. Mon ventre a ses limites.

On regagne Hayes Valley par autobus, on doit absolument aller chez Blue Bottle Coffee Co. (café fabuleux #4). L’endroit est ardu à localiser et pour cause, c’est dans une ruelle à l’intérieur d’une section minuscule de garage. Juste assez  grand pour un comptoir et une machine à café. Pas de table, pas d’affiche, cash only et une file de gens qui attendent pour commander. On réalise qu’au bout de cette ruelle, c’est le Ritual dans le container où on était hier. C’est ça la côte ouest, des cafés partout, et du monde partout qui veulent du café. 

Autre cliché de San Francisco, Alamo Square et les Painted Ladies. Incroyable que ces maisons victoriennes colorées soient à ce point un attrait touristique. Certes, elles sont magnifiques, mais la ville compte environ 15 000 maisons de ce type d’architecture. On endosse encore totalement notre côté touriste étant donné qu’on se tient juste devant elles et qu’on essaie de prendre une photo pareil comme la carte postale. On se garde une petite gêne en évitant d’aller sonner à une des porte et/ou pique-niquer sur leur pallier. On est touristes oui, mais pas cabochons. 


On traverse la ville pour visiter Fishermans Wharf et North Beach, le quartier italien. C’était l’endroit de prédilection des Beatniks, ces artistes révolutionnaires qui ont choqués l’Amérique puritaine des années 50-60. Les précurseurs de la libération sexuelle. Dans la même lignée, à l’été 1967 dans le quartier Haight-Ashbury, la contre-culture hippie était à son apogée. Lors du Summer of Love, des milliers de personnes ont envahis cette célèbre intersection et les rues à proximités pour vivre ensemble une expérience sociale constituée surtout de partage, de drogues et d’amour libre. Beaucoup de musiciens rock psychédéliques (Janis Joplin, Grateful Dead, Jefferson Airplane…) habitaient le quartier, jouaient dans les parcs et vivaient le mouvement. L’ambiance de cette époque reste ancrée dans le quartier, par les commerces, l’odeur et par les authentiques (ou leurs descendants) militants pour l’amour assis en cercle dans un parc. Be sure to wear some flowers in your head, qu’il disait!  Des vielles West stationnées aux rideaux d’origines et couvertes d'autocollants qui proclament la paix dans le monde font parties du décor. 


Jour 3

Quartier Russian Hill. La rue Lombard, dans sa section sinueuse à 27% d’inclinaison, est un endroit parfait pour aiguiser la patience des gens qui y habitent. En effet, les touristes (nous incluent) et leurs appareils photos y sont présents à la pelle. Les 8 virages qui la descendent sont une belle curiosité.On juge les autres touristes qui prennent des millions de photos en n’ayant plus conscience des humains autour d’eux. On est tellement mieux, en toute modestie.


En grande fan d’architecture victorienne, je veux voir le plus de jolies maisons possible. On monte et descend (littéralement) le quartier Nob Hill. Ce qui motive Mathieu (et moi aussi) à tant d’exercices musculaires au niveau des jambes, c’est le café Wrecking Ball (café fabuleux #5). On rentabilise nos billets de transport en commun en prenant un autre Cable Car jusqu’au Financial District. Gros buildings digne des États-Unis, autre café Blue Bottle Coffee Co. (café fabuleux #4a), autre pâtisserie. À quoi bon essayer de résister à de telles tentations? C’est simple, l’éclair au chocolat et le gâteau à la noix de coco sont hallucinants.

On longe le bord de l’eau et les palmiers en se faisant chauffer la face par le soleil californien. On va rire des lions de mer qui chignent tous empilés les uns sur les autres, échoués sur des quais au Pier 39. On mange une grosse chaudrée de palourdes dans un bol en pain en essayant de se convaincre que les 3 bouts de carottes là-dedans ça compte comme une portion de légume. Je persuade Mathieu d’aller à Coit Tower, la tour au sommet de Telegraph Hill. Mon argument: Il doit y avoir une belle vue de là-haut. Mais surtout : Il y a un autobus qui se rend au sommet de la montagne. Ça, ça joue pour beaucoup. On redescend à Union Square, histoire d’y être allés. Mathieu se fie à moi pour l’adresse d’un café-bar à vin, Ma-Velous. Erreur, mais on finit par le trouver quand même. La routine, quoi. On termine la soirée devant un réconfortant macaroni au fromage et pâté au poulet en regardant un faux-feu de foyer crépiter. 


Jour 4

On circule de façon pédestre sur le Golden Gate Bridge en regardant les requins nager et Alcatraz au loin. Ça devait pas donner le goût aux prisonniers de s’échapper. Ex-pont suspendu le plus long du monde, son règne a pris fin en 1964. Il en impose tout de même avec son style art déco et son titre d’une des 7 merveilles du monde moderne. Pourquoi il est peinturé couleur Orange International? Parce que le gars responsable du pont aimait ça, la couleur orange. 


On profite de nos dernières heures à San Francisco avec (surprise) un café et une grosse pizza dans notre quartier favori. Je prends autant de photos de maisons victoriennes que ma carte mémoire le permet et on retourne s’assoir dans l’avion à hélices, le sac à dos plein de… cafés.

 



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