The Great Adventure

28 avril 2015

De Roswell jusqu'à Langtry

On avait décidé de rester dans le coin au moins une nuit encore mais on a dû partir pour Roswell en vitesse. N'ayant pas de domicile fixe, on devait se faire livrer des sacs de café et ma lentille réparée au bureau de poste de Roswell. Ça semblait assez simple comme plan, mais ça s'est avéré problématique en cours de route, bien sûr. On a réussit à rapatrier le café plus ou moins facilement. J'ai immortalisé le moment - Mathieu était au summum du bonheur. Ma lentille d'appareil photo, c'était un plus gros problème. Déjà que trouver un téléphone publique, c'est un défi en 2015, savoir quand j'aurais ma lentille était un mystère que le service à la clientèle de Canon ne pouvait démystifier. Nos options camping étaient limités dans la ville, on ne pouvait donc pas rester à Roswell indéfiniment à attendre. J'ai réussi à arranger un transfert à l'arrivée de ma lentille du bureau de poste de Roswell, NM à celui de San Antonio, TX - l'endroit on pensait être dans plus ou moins une semaine. On espérait que le timing soit bon. 


Un rêve toujours en suspend - un buffet de ribs à volonté.


On n'allait pas partir de Roswell sans avoir fait un tour en ville et visiter le UFO Museum, le musée des OVNI. Roswell est devenu célèbre le 8 juillet 1947 lorsqu'un homme a informé les autorités locales qu'un 'objet volant' venait de s'écraser sur son ranch. Des enquêteurs officiels de la Roswell Army Air Field ont reporté qu'ils venaient de découvrir une 'soucoupe volante'. Quelques heures plus tard, ils ont rectifié leur histoire en disant que c'était en fait un 'ballon météorologique'. C'est à ce moment qu'on a commencé à parler du 'Roswell Incident' et du grand 'Cover-up' du gouvernement.

Le musée a retracé chaque seconde de l’événement, chaque personne impliquée et toute sortes de théories et preuves qui font croire qu'une soucoupe volante et même des extra-terrestres sont venus à Roswell en 1947. La ville a ajouté le tourisme comme source de revenus supplémentaires et tous les magasins jouent le jeu en affichant des petits hommes verts dans leur vitrines. Impossible de les blâmer, on a nous même fait un détour pour venir à Roswell et on a payé l'entrée du musée où il y avait - à nos yeux - un peu d'exagération...










La prochaine destination était un peu nébuleuse. Dans la ville de Tatum, à l'est complètement du Nouveau-Mexique, devait se trouver un camping avec électricité et eau, sans aucun frais à payer. On n'arrivait pas a trouver d'information qui confirmait la chose, mais on n'avait pas tellement d'autres options au même prix alors on a prit une chance. Tatum est une minuscule ville où les habitants sont bien fiers d'être américains et convaincus que fusil rime avec amour et liberté. Le 'terrain de camping' était en fait un morceau d'asphalte entre le centre communautaire et le terrain de Baseball abandonné. Ça faisait bien notre affaire. Nul besoin de préciser qu'il n'y avait pas foule, même si on était vendredi soir et que c'était gratuit. Un gars qui habitait pas loin dans sa maison de cabochon au milieu d'un champs de foin a fait jouer du Blues et on trouvait que c'était le match parfait compte tenu du décor dans lequel on se trouvait. À défaut de pouvoir acheter les réglementaires hot-dogs dans le shak à patates à l'abandon juxtaposant le terrain de Baseball, on s'en ai fait de notre bord. Ça nous semblait le repas le plus approprié, compte tenu des circonstances.




L'arrêt suivant frôlait le Texas. Eunice est une petite ville dans le coin sud-est du Nouveau-Mexique et c'est là qu'on a passé nos derniers instants dans cet état avant d'aller autant au sud que les États-Unis le permettent.

Peu de choses à dire sur Eunice. On a fait la Main Street 4 fois pour essayer de trouver du cidre et un rouleau autocollant pour enlever les poils de chien sur les coussins de banquette. Dans le genre 'ville au milieu de nul part', Eunice ne donne pas sa place. Le camping était sur le bord d'un réservoir, une destination pêche très populaire auprès des locaux. J'en ai pas vu un sortir un poisson de là, mais qui suis-je pour douter de leur compétences avec une canne à pêche? L'autre partie du décor était des pompes à huile, pas très féerique mais on s'est dit que c'était plutôt typique comme élément de décor. Il y avait deux sites déjà occupés, ça semblait être davantage des 'résidents' que des campeurs qui s'étaient installé là. Le premier se cherchait des amis en mettant sa musique intolérable bien forte. L'autre faisait des aller-retour en quatre roues avec sa douce à l'arrière. Ils nous ont invités à un barbecue 'entre voisins' mais la pluie ce soir-là a voulu qu'on mange des grilled cheese dans la van à la place.



Les campings en harmonie avec notre budget se raréfiaient dans ce coin du pays. On a essayé d'être stratégique dans nos déplacements. Ça veut dire que des fois on roulait à peine et d'autres fois on passait plusieurs heures sur les routes. On a traversé officiellement au Texas par des petites routes où se succédaient les ranchs. Question de pimenter un peu les affaires, on a prit la route en se disant qu'on ferait le plein d'essence à la prochaine ville. Bon moyen de stresser Mathieu. On prend trop facilement pour acquis qu'il y a des station-services à tout les coins de rues.

On a pu faire le plein à Sanderson, ville mi-abandonnée, mi-rétro. Les heures de gloire sont définitivement derrière. On s'y est arrêté pour déguster notre restant de riz au thon, jaser avec un camionneur qui prenait sa pause et prendre quelques inévitables photos de station-service abandonnée. Sanderson n'est pas une ville décrite dans les guides touristiques, mais c'était un arrêt divertissant dans un coin un peu perdu du Texas.








Toujours à la recherche d'un endroit où passer la nuit, on a continué notre chemin sur la 90 jusqu'à Langtry. De l'autre côté de la rivière Rio Grande à Langtry, c'est le Mexique. C'est une ville à l'historique un peu particulier. Celui qui prenait les décisions ici dans le temps, c'était le juge Roy Bean. Parce que faire des lois et servir de la bière sont deux choses qui vont tellement bien ensemble, autant les faire à la même place et en même temps, au Saloon Jersey Lily. Tout de même, quelques règles de base avaient été établies, tel que l'interdiction de tirer un coup de fusil ou de cracher sur le plancher. La ville a été nommé en l'honneur de l'actrice Lillie Langtry, bien que le juge ne l'est jamais rencontré. Il a pourtant essayé en lui envoyant plusieurs invitations à venir visiter la ville qui porte son nom. Elle n'est jamais venue mais a envoyé une fontaine d'eau comme cadeau à la ville. Roy Bean, fâché, lui a répondu que c'était un cadeau absolument inutile - à Langtry on boit tout sauf de l'eau.







L'ancienne école/centre communautaire nous permettait de stationner pour la nuit dans la cour alors on a sauté sur l'occasion. L'endroit faisait quand même un peu peur. Mathieu disait que s'il devait y avoir un massacre à la tronçonneuse, c'est ici que ça se passerait.






Dans les trois rues délabrées qui composaient la ville de Langtry, deux maisons sur trois avaient le mal de vivre, le seul magasin était le bureau de poste et on entendait constamment les chèvres chigner et brasser la cloche qu'elles avaient autour du cou. Pas tellement le genre de destinations touristiques populaires, mais les cactus étaient en fleurs et c'était pas mal joli.














22 avril 2015

Sable blanc et vaches curieuses

Tout près de Las Cruces il y a la petite ville Mesilla. On a profité d'un après-midi où on aurait autrement pas fait grand chose pour visiter cet endroit historique. Traditionnelle plaza au centre et commerces autour. On dit que c'est ici que Billy-the-kid a reçu son jugement. Moi ce que j'ai surtout aimé c'est le magasin à pacanes avec toute sortes de belles choses comme des tartes et du chocolat. C'était super charmant mais il n'y avait pas beaucoup d'activités dans le coin alors après le tour de la plaza, on est retourné chez nous - au camping je veux dire.













On a campé à Aguirre Spring dans les Organ Mountains. On était en face de montagnes de granite rose qui prenait des couleurs différentes selon le soleil. 






Près de Las Cruces il y a le White Sands National Park. Le parc est au bout d'une très longue section de route avec peu de distraction en chemin, mis à part penser que c'est ici que le gouvernement a fait les premiers tests de bombes atomiques. Le parc est fréquemment fermé, question de rendre la pratique de lancement de missiles plus sécuritaire.

Le parc des White Sands était fascinant. Notre cerveau de québécois avait de la difficulté à comprendre que le blanc sur lequel on roulait n'était pas de la neige mais du sable. L’illusion était parfaite. Mathieu avait sans cesse le réflexe d'appuyer sur les freins en pensant que c'était de la glace. C'était un samedi, donc l'endroit était rempli de flos qui venaient glisser sur les dunes de sable blanc comme on glisse sur des bancs de neige au Québec sur des crazy carpet ou des soucoupes de plastique. On s'est fait un pique-nique et on a amené le p'tit en haut d'une des montagnes en espérant qu'il ne laisse pas échapper de son corps un liquide jaune sur le magnifique sable blanc. Il semble que les soirs de pleine lunes soient féerique ici, et avoir encore été de ceux qui campent dans une tente, ça aurait été une expérience intéressante. À titre informatif, les dunes sont faites de sables de gypse et couvrent 275 miles carré du désert Chihuahuan. Considéré comme l'une des merveilles du monde, les dunes du Nouveau-Mexique sont les plus grandes du monde. Certaines plantes et animaux réussissent à survivre ici, dont les lézards-blanchi-sans-oreilles, pratique pour se camoufler dans le sable.















On s'est dit qu'il était temps de bouger un peu, Las Cruces c'était bien mais c'est pas vrai qu'on va s'enraciner ici. Un peu au sud, on est allé chatouiller le Texas à El Paso et suivi une autre grande portion de route pleine de néant. Après avoir passé la dizaine de cours à scrap je veux dire. À la station d'inspection, l'agent s'est permit de complimenter notre van, étant lui même un fan des vieilles vans Dodge, et de faire sûr qu'on avait fait le plein d'essence. La prochaine centaine de kilomètres s’annonçait vraiment tranquille.  On a passé la ville Salt Flat, deux lacs asséchés de chaque côté de la route devenus des plaques de sel qui ont vraisemblablement donnés le nom à la ville et ensuite on a aperçu les Guadalupe Mountains. Parmi les seules montagnes du Texas, on les a traversé en n'ayant pas nécessairement le goût d'arrêter.



La route retournait dans le Nouveau-Mexique après ça. Le Texas, on y reviendra un peu plus tard. On s'est arrêté à Whites City ce soir là, dans un endroit où on n'était pas tout à fait sûr de sa légalité mais on s'est dit que ça le ferait pour la nuit. Une fois le souper cuisiné et mangé, on a décidé de profiter du reste du soleil en s'assoyant dehors. On a fait le saut quand on est sorti de la van et qu'on a vu 5 grosses vaches à quelques pieds de nous, en train de nous observer paisiblement. Faut dire qu'on était stationné sur le lunch. Ce n'est pas qu'on avait peur, mais c'est un peu intimidant d'avoir ces grosses bêtes là à proximité. Il y avait une vache leader, dès qu'elle avançait un peu vers nous, les autres suivaient tout de suite. Mathieu a tenté l'intimidation en parlant de burgers et de steaks, mais clairement elles n'ont pas vu ça comme une menace. On a ensuite jouer la carte 'Wyoming', mais plutôt que de s'enfuir elles approchaient. Et Wyoming est devenu incontrôlable. Même une fois dans la van il faisait des acrobaties sur le tableau de bord tellement il était excité.

Après tout ça, c'était rendu l'heure de notre partie de crib quotidienne et Wyoming s'est endormi, épuisé par toute ses émotions fortes.








Un mois depuis notre dernière visite au garage, on savait bien qu'on était dû pour quelque chose qui brise sur la van. Heureusement, ça s'est réglé en 1 heure avec un 20$ - un simple pneu qui avait eu la vie dure. Ça aurait probablement pu être pire, on a croisé des dizaines de voitures avec des crevaisons sur le bord de la route au Texas. On n'a eu qu'une légère égratignure.

On s'est prit une journée de congé après ça à Carlsbad. Il faisait très chaud et nos chaises pliantes criaient notre nom. On n'a quand même pas fait les paresseux toute la journée, on a aussi lavé l'intérieur de la van et l'extérieur de Wyoming. Et puis on a fait une partie de crib en buvant un breuvage pour adulte.









La fierté de Carlsbad, c'est le Carlsbad Caverns National Park. Ce n'est pas quelque chose qui m'attirait à première vue, mais on avait une passe avec l'entrée gratuite et ce n'est pas comme si les choses à faire couraient les rues ici. En fin de compte, on est vraiment contents d'avoir été voir ça, c'était au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer quand je pensais à caverne. La température intérieure était de 13 degrés avec un taux d'humidité de 90%. Pas nécessairement confortable comme température. On n'avait pas la moindre idée à quoi s'attendre quand on a commencé à descendre dans l'entrée dite 'naturelle' de la grotte - qui est aussi la porte de sortie de milliers de chauve-souries pour leur activités nocturnes. Des sentiers sous-terrain mènent aux différentes chambres remplies abondamment de stalactites, stalagmites et dizaines d'autres formations. Mine de rien, on a descendu 830 pieds sous la terre. L'incontournable de Carlsbad Caverns est la 'Big Room', définitivement impressionnante. Le plafond est a 255 pieds de haut et chaque section a quelque chose qui mérite que je le pointe à Mathieu et vice versa. J'ai fais des dizaines de tentatives de photos mais la noirceur et la grandeur de l'endroit ont rendu mes photos sans intérêt. C'est l'une des plus grosses cavernes au monde et c'est réellement quelque chose à voir. Si seulement ça ne sentait pas la crotte de chauve-souris.

Après cette aventure sous-terraine, on est retourné pénards au camping. On avait des hot-dogs et une tarte au pacanes à s'occuper.