The Great Adventure

17 mai 2015

Camping sur la côte du Golfe du Mexique


On a quitté Laredo en poursuivant notre trajectoire sud-est, la route 83 - celle qui chatouille le Mexique. On s'est arrêté à Falcon, ville sans intérêt particulier sauf pour le vieux terrain de camping abandonné. L'hiver, une communauté y élut domicile, se partageant un frigo et une prise électrique. Au moment où on y était, seulement une dame du Dakota du Nord y était, depuis décembre. La plupart des emplacements étaient enfouis sous le gazon pas coupé depuis peut-être une décennie. Les tables étaient majoritairement brisées et les toilettes dans un état où il serait concevable de les utiliser seulement en cas d'urgences extrêmes. Des vieux meubles étaient abandonnés sur quelques terrains, dans le genre de ceux qu'on trouverait dans l'appartement d'un cégepien un peu cabochon. 



On a stationné où on a pu avec comme projet d'après-midi de survivre à l'humidité torrentielle. C'est pas compliqué, on a installé notre douche extérieure à un arbre et on y faisait des allez-retours à chaque demi-heure. Wyoming a trouvé refuge sous la van, la langue sortie de 6 pouces de sa bouche. La dame du Dakota - Nancy - est venue jouer à l’hôtesse, nous apportant de la glace, nous informant que des serpents se tiennent dans la douche des femmes et que le curé de l'église du village donnait une bonne messe le dimanche matin. 


Après Falcon, on a traversé plusieurs petits villages à l'aspects très mexicains et aussi pas mal crades. Beaucoup de magasins abandonnés et de maisons défraîchies se partageaient le décor. Avoir voulu manger des tacos, on aurait eu du choix en cibouleau. On s'est rendu au bout de la route 4, et par le fait même au bout de la pointe du Texas. Boca Chica, c'est la plage texane le plus au sud sur la côte du Golfe du Mexique. Boca Chica est une ville, ou plutôt une rue avec une dizaine de maisons de chaque côtés. Ça doit pas arriver souvent qu'un campervan du Canada vienne virer dans le coin.

On a finalement stationné la van à quelques pieds des vagues du Golfe du Mexique, sur le sable. On rêvait de se baigner depuis plusieurs jours et on n'a pas été déçu. Les vagues étaient fortes et se garochaient sans aucun synchronisme entre elles. Il n'y a pas à dire, ça faisait du bien d'avoir le corps dans l'eau et d'échapper à l'humidité. Après avoir mangé une vague dans la face, on s'est rendu compte que l'eau était salée en cibouleau. On s'est fait un pique-nique sur la plage - hot-dogs et vin blanc bas de gamme. La chaleur s'est calmée un peu, mais pas l'humidité. Dehors, c'est devenu très brumeux, on ne voyait plus très loin sur la plage. Wyoming s'en ai donné à cœur joie dans le sable et c'est là qu'on a réalisé qu'on était très heureux d'avoir un prélart dans la van plutôt que du tapis. Le balai est devenu un objet indispensable.





Étant donné qu'on ne connaissait ni les heures ni les grosseurs des marées d'ici, on a préféré de ne pas prendre le risque de se réveiller les quatre roues dans l'eau et d'aller stationner pour la nuit à la sortie de la plage.

La ballade matinale quotidienne avec Wyoming a été des plus féerique le lendemain matin. On a marché sur la plage pendant que le soleil se levait. Y'a pas à dire, le chien et moi on a vécu un moment absolument romantique ce matin-là pendant que Mathieu paressait encore au lit. Après le café et le déjeuner, on a prit la 77 direction nord vers Corpus Christi.


On est allé camper à Padre Island National Seashore et pour ça, il a fallu traverser un long pont, au grand désespoir de Mathieu. South Beach était un endroit vraiment magnifique, et gratuit en plus. D'autres RV pas mal plus gros que nous étaient stationné aussi sur la plage, c'était rassurant. Parce ce qu'il y a toujours le risque de rester coincé dans le sable et donc s'ils étaient là, on s'est dit qu'on serait correct.



Le sable de la plage était fin et les vagues impressionnantes. Dans l'eau, la vague nous poussait vers le bord et le courant de retour nous renvoyait vers l'océan. Ça foutait la chienne un peu. Wyoming a eu beaucoup plus d'intérêt pour les oiseaux que l'eau. Même s'il ne pouvait pas en attraper, il les surveillaient attentivement, oubliant parfois la longueur de sa laisse.


Après notre souper bière-tacos, on s'est fait surprendre par des tonnerres et des éclairs. Et pas quelque chose de timide. La pluie a commencé à tomber et on s'obstinait pour savoir qui irait chercher les chaises restées dehors. C'est moi qui a perdu. Elles étaient pleines de sable mouillé alors j'ai pensé aller les tremper dans l'océan avant de les rentrer dans la van. J'avais l'air de la fille qui n'avait plus le goût de vivre, pour m'en aller comme ça vers l'océan en pleine tempête, les éclairs et coup de tonnerres un peu trop fréquents à mon goût. En trempant les chaises dans l'eau, le contre-courant m'a déstabilisé, a brisé une de mes sandales et a emporté l'autre. Les éclairs me faisaient sursauter à chaque fois et j'étais bien décidée à ne pas repartir sans ma sandale, les chaises toujours dans les mains. Moi et mon bon sens des priorités.

Le soleil à fichu le camp, tout comme les autres véhicules un après l'autre. La tempête s'est amplifiée, on avait l'impression qu'un cabochon jouait avec l'interrupteur d'une lumière tellement les éclairs étaient à intervalles réguliers et fréquents. Je n'avais jamais vu ça, tout comme je n'avais jamais entendu de coups de tonnerres aussi forts. Wyoming avait peur, j'avais peur et Mathieu avait peur - mais personne n'osait le dire. On jouait à 'Tu me le diras si tu veux qu'on parte' en espérant chacun de notre bord que ce soit l'autre qui décide qu'on parte. En y repensant, c'était pas mal niaiseux. Après 3 heures de ce jeu idiot, j'avais pas réussi à lire 2 pages de mon livre tellement j'étais stressé et la pluie venait de passer à la vitesse supérieure. On avait réellement peur d'être embourbé alors on a arrêté de vouloir jouer aux durs et on s'est décidé à prendre la fuite. Mathieu a démarré la van et pesé sur l'accélérateur. Rien. La van ne voulait pas avancer. Après l'énumération de tout les blasphèmes de notre répertoire, j'ai demandé à Mathieu s'il avait enlevé le frein à main...

On n'a pas vraiment dormi cette nuit-là. Les éclairs aux 15 secondes y étaient sans doute pour quelques choses. Le tonnerre et la pluie ne se relâchaient pas non plus. Tout ça a duré 10 heures sans arrêt. Pas tout à fait l'idée féerique qu'on se faisait de camper sur la plage.

Au centre de visiteurs, on nous informe que ce sera une météo similaire toute la semaine. Joie. J'avais lu que de l'autre côté de l'île il y avait un camping indifférent aux tempêtes. L'île n'est pas large mais très longue et le Laguna Madre est une eau très calme et sans vague. On serait apparemment en sécurité à cet endroit. C'était super tranquille malgré la dizaine de RV déjà stationnés. Populaire auprès retraités et adeptes de planche à voile, on était les plus jeunes et les seuls sans planche.




 Notre voisin, John, installait des supports à planches et des panneaux solaires sur sa van entre 2 rides sur l'eau. John, que j'estimerais avoir 70 ans minimum, vit dans sa van à temps plein et voyage en fonction de la planche à voile. Il revenait du Mexique où il a passé les 5 derniers mois et nous a parlé avec passion de la vie merveilleuse là-bas. Un monsieur vraiment sympathique. Le soir, il se remplissait un grand verre en plastique de vin rouge pas cher et il s'assoyait en étudiant le ciel. Il vit son rêve chaque jour de sa vie et je trouve ça très inspirant. 



On a passé la semaine à cet endroit. On meublait nos avant-midi sur le bord de l'eau, à boire du café, manger des oeufs-et-des-binnes et lire. L'après-midi, on s'occupait à trouver de l'eau ou aller à l'épicerie ou chercher un wifi pour pouvoir dire à nos parents qu'on était toujours vivants. On est aussi retourné se baigner dans le Golfe. Wyoming a même délaissé ses oiseaux pour venir profiter des vagues.




Un après-midi, on est allé en ville dans un magasin qui vendait des dent de requin pour 1$ et des t-shirts fluo pour les touristes. 5 minutes après notre arrivée, la vendeuse a reçu une alerte de tornade et d’inondation. 2 minutes après, elle nous informait qu'elle fermait le magasin. Le ciel était noir, c'était du sérieux. Elle nous a dit d'aller chercher notre chien dans la van et de suivre les employés dans une pièce sécurisée dans le magasin. Ce n'était pas de la rigolage. On est resté là 45 minutes, avec le chien qui se demandait sérieusement ce qui se passait et nous qui se demandait si la van ne serait pas emporté dans l'entonnoir de la tornade. Dehors, il faisait noir comme un soir sans lune, sauf qu'il était 2 heures de l'après-midi. De retour au camping, John nous a dit qu'ils ont tous été évacués, c'était trop dangereux de rester là.

Le lendemain, il a fait super beau. Des dizaines de planches à voile étaient sur l'eau et les plages du Golfe étaient pleines de texans en pick-up avec des glacières remplies de Bud Light. On a finit la journée les portes de la van ouvertes à boire du vin qu'un gars à côté nous a donné et à se dire 'Maudit qu'on est bien'.



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