The Great Adventure

24 janvier 2015

La côte nord de la Californie, direction sud

Fort Bragg à Half Moon Bay, CA

Ne voulant pas trop abuser de la générosité de la Californie à nous laisser dormir gratuitement dans un si bel emplacement, on se lève tôt. Ou disons plus tôt qu'à l'habitude. On s'arrête à Fort Bragg à la recherche de la Glass Beach (plage de verre). J'hésite à dire si c'est pathétique ou brillant d'avoir eu l'idée de promouvoir cette plage qui est en fait couverte de déchets de verres. Ce sont des morceaux de verres polis par les vagues qui recouvre le sable, depuis pas mal longtemps. C'est devenu populaire, tout le monde veut son bout de verre de la plage de verres et ça disparaît à un rythme épouvantable. Ça c'est ce que j'ai lu, parce qu'on l'a jamais trouvé cette plage-là! On a suivit les petites pancartes, je le jure. On blâme la marée et aussi les travaux de pavements qui s'effectuaient au moment où on y était. Il y avait des clôtures partout et j'avais drôlement faim alors on n'a pas trop poussé les recherches. 



Fort Bragg était joli et sans fiorituresMendocino était - architecturalement parlant - un régal. Petit village paisible en bordure de l'océan. Pas de stress là, les magasins ouvrent de 11h à 17h. On a fait une petite marche sur la Main et 20 minutes plus tard Mathieu démontrait des signes de ' On retournes-tu dans la van là?'. On avait stationné à côté d'un rassemblement de jeunes hippies/hipsters qui chantaient autour d'un feu. On a évité les contacts visuels et on est parti.






Un peu plus au sud, on a traversé la ville Elk. Il ne fallait pas cligner des yeux à ce moment-là, on l'aurait manqué.

On devait passer la nuit pas très loin de là, mais étant donné qu'on avait commencé la journée de bonne heure on avait envie de continuer à rouler. On a vu Point Arena et sa communauté de hippies/pêcheurs. La ville avait une ambiance un peu trop zen à notre goût. J'ai essayé d'acheter une bouteille de vin avec ma Visa et me suis fait dire que les magasins ici acceptent seulement argent ou chèque. Qui traîne un chéquier en 2015 pour acheter une bouteille à 7$?









Puis après ça, ça été 45 minutes blasphèmes/mains moites/cœur qui débat pour Mathieu. Moi, j'avais la face sortie par la fenêtre et l'appareil photo était à bout de souffle. La route 1 est devenue un festival de courbes en pente sur le bord des ravins. Vraiment hauts. La van a eu chaud, mais surement pas autant que Mathieu. La route était à peine assez large pour la van - d'un côté un ravin, de l'autre une montagne. Un accotement? Non. Quand on était chanceux, il y avait une petite clôture qui, soyons honnêtes, était purement décorative. Comme si ça aurait retenu plus que 3 secondes notre van vers une descente directe dans l'océan. Et puis là, parce que c'est pas encore assez dangereux, on a commencé à voir des vaches bien pénardes entrain de brouter le gazon à 1 cm du ravin. Oui, quelques blasphèmes supplémentaires ont été prononcé à ce moment, en plus d'une variété d'exclamations.




On est arrivé dans une région de la Californie dont le public cible n'est pas les voyageurs à petit budget. On a dû ouvrir le porte-feuille pour passer la nuit sur un ranch. Il va sans dire qu'on a abusé en masse du wifi et des douches chaudes.

La température est de plus en plus à notre goût. Ciel bleu tous les jours et lunettes de soleil dans la face. Ça se pourrait qu'on ait aussi fait fonctionner l'air climatisé...





On s'est un peu éloigné de la côte après Bodega Bay. L'intention était de rouler dans la Vallée de Napa le lendemain. Une ville en chemin m'a interpellée - Sebastopol, célèbre pour ses usines de cannage de compote de pommes dans le temps. On a cherché de la compote, on a trouvé du cidre. Je pense qu'on est sorti gagnants dans cette histoire-là.

Après ça on était déjà rendus à Santa Rosa, où on devait passer la nuit. On pensait utiliser l'après-midi à visiter le centre-ville, mais on ne le sentait vraiment pas. On n'est même pas débarqué de la van, on a roulé vers la Vallée de Sonoma à la place. On dit que les Vallées de Sonoma et Napa, bien qu'abondante en vignobles, ne pourraient pas être plus différentes. À mes yeux, les deux étaient d'une beauté et d'une prétention incroyable. La quantité de snobs était un peu plus élevé à Napa tandis qu'il y avait un peu plus de vieux pick-up à Sonoma. Les châteaux imposants défilaient sous nos yeux, juchés sur des collines parmi des champs de vignes à perte de vue. Les deux vallées sont à quelques kilomètres l'une de l'autre, séparées par des montagnes. Le prix d'une dégustation à l'un des 700 vignobles équivalait à notre budget d'épicerie pour une semaine. On s'est contenté de profiter du paysage gratuit des vallées et on a été acheté une bouteille locale à l'épicerie à la place.

Le soir à Santa Rosa, on a fait l'expérience d'un camping/stationnement de gravier. Le gars nous a envoyé dans le coin du stationnement, loin de tout le monde. Je pense qu'on faisait honte aux autres 'campeurs' avec notre van 1986. C'est probablement parce qu'on est en basse saison qu'ils nous ont accepeté - une de leur règle est 'véhicule de 10 ans et moins seulement'. Notre van beige fin des années 80 était la risée des roulottes étincelantes dernier cri - et on n'avait aucun problème avec ça









Après Napa, le projet suivant était San Francisco. On a changé de plan mille fois, rouler dans une grosse ville avec une grosse van c'est pas l'idéal. On devait passer 2-3 jours là-bas, gracieuseté de notre amie Marilyn. On part donc de Napa, enthousiasmé par l'idée d'être à San Franciso dans quelques heures. Une belle épreuve attendait Mathieu et sa peur des ponts - la traversée du Golden Gate Bridge.  Tout se passait relativement bien, la circulation était bonne et la route prévue, simple. Jusqu'à ce qu'on sorte du pont et que Mathieu, extrêment sur les nerfs disons-le, me demande paniqué: gauche ou droite? Longue histoire courte, la bonne réponse était gauche, j'ai dis droite. Si Mathieu avait été capable d'ouvrir ma portière pour me sacrer dehors il l'aurait fait. Si je n'avais pas été coicée dans ma ceinture je me serait sacré dehors moi-même tellement j'étais pas fière de moi. La route nous menait à l'opposé de notre destination, dans une ville célèbre pour ses rues escarpées. Il se passait exactement ce que Mathieu m'avait prévenu qu'il ne devait absolument pas arrivé. Des plans pour tuer la van, et Mathieu.



Bref, on a fini par se rendre chez Marilyn. Avec peine et misère. Et là son avertissement de 'ne laissez RIEN dans la van' a prit tout sons sens. Je croyais qu'elle voulait dire 'ne laissez rien qui a de la valeur à la vue dans la van'. Non, ce n'est pas la même chose. Les autos ici sont complètement VIDES. Les autos se font défoncés pour 'd'un coup qu'il y aurait une piasse en dessous du banc'. On a niaisé 1 heure à essayer de tout cacher et attendre que les crados louches arrêtents de tourner autour de la van pour finalement la changer de rue. On se sentait comme - du moins j'imagine - des parents de nouveau-né qui vont souper au resto la première fois depuis la naissance. Ça nous faisait mal au coeur de laisser la van là. On regardait par-dessus notre épaule en marchant. On a été boire un café chez SightGlass et après une demi-heure la chienne nous a pognée. La probabilité qu'on se fasse voler était d'au moins 100%. Ça aurait compromit un maximum notre aventure, San Francisco n'en valait pas la peine. On était déjà venu il y a 2 ans de toute façon et le seul endroit où Mathieu tenait à retourner était SightGlass. On s'est rassit avec joie dans la van, barré les portes et tenté de sortir de la ville le plus vite possible.

Le camping le plus près était à une demi-heure de la ville. On avait encore le cœur qui débattait et on se sentait idiots d'avoir juste pensé à laisser la van qui criait littéralement 'Volez-moi, s'il vous plait' toute une nuit dans la rue.


Dans la noirceur de la soirée, on a aperçut un stationnement près d'une marina avec un mix de RV et voitures. Des RV avec l'auvent sorti et les petites chaises dépliées - ça sentait le camping gratuit. Je vois une vieille Westfalia stationné loin des gros Winnebago et lui demande la 'règle' pour passer la nuit ici. Il me répond en chuchotant: 'Stay quiet, you won't have any problems'. Et aussi de pas faire comme les caves qui se sont allumés un feu dans le parking. C'était exactement les mots que je voulais entendre. On se souhaite bonne soirée et en moins de deux, je commençais le souper et Mathieu se débouchait une bière assis dehors. Plus tard, le gars de la West s'approche de Mathieu qui a l'humeur sociale et la conversation s'enclanche. Le gars, sa blonde et le flo viennent de Vancouver Island, sont partis en même temps et suivent la même route que nous. Mais eux continuent jusqu'à La Paz, Mexique. Exactement ce qu'on voulait faire au départ. J'avoue qu'on a sérieusement pensé à désobéir à nos parents et traverser avec eux...

Un peu plus tard, j'entends un camion à côté de la van, je vois la lumière d'une lampe de poche dans la fenêtre et deux coups de klaxon. Merde. Clairement, on n'avait pas le droit d'être ici. C'était même écrit sur une grosse affiche qu'il nous fallait une remorque à bâteau et un permis pour stationner ici.




Plusieurs théories peuvent expliquer pourquoi le gars nous a donner la permission de rester gratuitement. 1- J'ai un karma incroyablement bon. 2- J'ai un irrésistible accent quand je parle anglais et un regard de pouliche. 3- Quand le gars a su qu'on venait de Vancouver il m'a dit qu'il avait des amis là-bas. Donc automatiquement on était aussi cool que ses amis. C'est comme quand tu commences à acheter du vin et que tu connais pas trop ça, t'achète une bouteille qui vient de l'Argentine parce que t'as une amie qui est allé en Argentine. C'est une raison qui fait la job. 

Aucun commentaire:

Publier un commentaire